21 mars 2010

Nous informons notre aimable clientèle qu'à partir de dorénavant il faudra désormais se rendre dans nos nouveaux locaux vétustes pour prendre livraison de sa ration quotidienne de savoir savant en tout genre.

15 mars 2010

MODE
LA TENDANCE EST AUX PRIMITIFS FLAMANDS

EDUCATION
MERVEILLEUX ENFANTS DE L'AMOUR
POURQUOI SONT ILS SI RIEURS
C'est simple: ils savent que leur mariage est déjà arrangé au mieux de leurs intérêts, et ils peuvent donc jouer à "qui fait tomber son cube perd un doigt" en toute quiétude.


ELLE NOUS AVAIT PRÉVENU :
MADELEINE GOINCHARD S'EST ENVOLÉE HIER SOIR

Certains disent même qu'ils l'ont vu marcher, ce qui nous semble un peu exagéré.


SOCIAL :
GRÈVE DES CUEILLEUSES
DE VIBROMASSEURS

Leurs revendications portent sur la couleur de leur short de travail, qu'elles jugent trop vive. Elles réclament des tons pastels avec des nuances de bleu et de mauve. On voit bien que ces coquettes n'ont pas de scrupules à saborder par leurs minauderies la fine fleur de nos entreprises coloniales.


LES CONSEILS BEAUTÉ
DE LA FEMME SCARABÉE

Ce printemps, faites-vous un masque de bouse pour raffermir vos mandibules et mettez du mascara caffarelli sur vos antennes.


L’homme-lapin, mythe ou réalité ?

Depuis une quinzaine d’années, des témoignages troublants semblent indiquer qu’une nouvelle espèce animale ait fait son apparition dans nos campagnes : l’homme-lapin. Les meilleurs spécialistes en cryptobiologie se perdent en conjectures. Canular ? Hommes affublés de becs de lièvre monstrueux ? Manipulation génétique qui a mal tournée ? Nous n’avons jusqu’à présent jamais réussi à mettre la main sur un spécimen vivant ou mort, seuls des vols de carottes suspects, quelques empreintes étranges, et des récits de promeneurs terrorisés, peuvent nous faire penser que le phénomène est bel et bien réel. Le célèbre scientiste et modier Rabo Cabanne avait d’ailleurs soulevé une vive controverse dans son ouvrage « Lapin des temps » en affirmant que l’avènement des hommes-lapin signifiait le déclin et la disparition de l’humanité à brève échéance.

Sans aller jusqu’à souscrire entièrement à cette théorie, force nous est de constater que cette énigmatique créature mérite tout de même une enquête approfondie. D’où vient-il ? Que veut-il ? Est-il immunisé contre la myxomatose ? Toute la rédaction de Microcéphale est sur les dents pour démasquer ce rongeur plantigrade. Les témoignages, les photos et même les films sur le sujet sont les bienvenus pour nous aider à lever le voile et à hisser l’encre. Aussi n’hésitez pas ; envoyez-nous les preuves irréfutables de son existence et gagnez par tirage au sort un an d’abonnement gratuit et votre propre poids en croquettes OBAMA, la croquette des champions. La sciente vous le rendra parce que vous le voyez bien.


Illustration: Reconstitution probable d'un homme-lapin en image de synthèse. Notez la taille importante du livre imprimé en gros caractère et l'expression de forte concentration intellectuelle de l'animal.

13 mars 2010

LE SAVIEZ-VOUS?


AIR FORCE ONE, l’avion du président des américains du nord, ne pouvait pas voler dans sa première version, à cause du poids trop élevé de son blindage. Il était obligé de rouler à petite vitesse sur les routes départementales pour rejoindre les différentes aérogares étrangères que le président visitait la mine renfrognée, car il n’y a rien de plus triste que ces architectures sans âmes. Désormais, le nouvel avion est équipé de roulettes plus grandes et en plus il flotte ! C’est le véhicule idéal pour aller pêcher la crevette en Bretagne, l’esprit serein.

LES REQUINS MARTEAUX ne sont ni fous, ni bricoleurs. Ils sont juste très mauvais en matelote.

LA PLUS LONGUE BARBE DE FEMME est celle de Jeanne Colique, habitante du Texas souterrain. C’est du moins ce que l’on croyait jusqu’en 1946, lorsque des analyse plus poussées ont démontré qu’il s’agissait en fait de sa moustache exagérément hypertrophiée : son menton était parfaitement glabre. Une fois la supercherie démasquée, Jeanne Colique fut dégradée en public et conduite chez le directeur des publications de Bayard Jeunesse qui la condamna au piquet. On peut toujours voir l’hologramme de sa momie au Muséum Régional du Poil de Montluçon.

LES GARDIENS DE PHARE seraient en voie de disparition. En effet, il leur est extrêmement difficile de se reproduire compte tenu de leur isolement et du nombre anormalement bas des gardiennes de phare. Un plan de sauvetage de l’espèce a été mis en place par le gouvernement. Bientôt, nous connaîtrons les premiers bébés de phare in-vitro, ou bébé-épuisette.


LES CULTURISTES DE L’ANTIQUITE ne savaient ni lire ni écrire. Cela ne les empêchait pas de soulever leur propre poids en citations latines. Rien à voir bien sûr avec nos analphathlètes* modernes qui peinent à terrasser un pauvre gringalet de prix Goncourt en moins de 10 rounds.
*athlètes analphabètes

11 mars 2010


ARTS ET DÉCORATIONS :
RADIOGRAPHIE D'UN TABLEAU DE COURBET

CARNETS MONDAINS :
DÉCÈS DU COMTE DE FUNGHI
UNE NÉCROLOGIE AUTORISÉE


ATTENTAT AU CONSEIL :
UN GÂTEAU D'ANNIVERSAIRE GÉANT À ÉTÉ LANCÉ D'UN ZEPPELIN

10 mars 2010


LES PETITS MÉTIERS D'ANTAN
Le carillonneur de testicules


8 mars 2010






ROMAN


« Une digue trop loin » de Douglas Vanité


Nous connaissions les rives du fleuve Bé, irascible et malodorant affluent aux eaux limoneuses que nous avait décrit Douglas Vanité dans son précédent roman « La porte des égouts ». Nous voici confrontés de nouveau à l’élément liquide dans ce récit surprenant qui nous livre sans affect le quotidien boueux des Pulimarous, une peuplade sans intérêt du delta du Gluge.

Cette race exténuée, qui s’échine vainement à faire pousser des champignons anémiques sur la mousse détrempée qui ronge les poteaux pourris des digues de sa lagune paludéenne, est sous la coupe des riches Koupissous des Hautes-Terres, qui les exploitent. Une fois bien dépouillés, Les Pulimarous s’en retournent se morfondre chaque soir dans les profondeurs méphitiques de leur marécage natif.

C’est là que croupissent les destins moisis d’Ugmar et de Vlaguemuche, deux êtres nauséeux qui se palpent sans entrain dans la moiteur sédative des marigots surchauffés. Au milieu des moustiques chétifs nourris de sang anémié, ces deux amants exsangues en proie au délire, qui grelottent entre scorbut et malaria sans oser avouer qu’ils ne s’aiment pas, vont connaître une fin laborieuse et assommante.

Un non-amour magnifié par le spectacle des bulles de méthane irisées qu’exhalent les tréfonds d’une vase épaisse qui tapisse chaque recoin du paysage, et rythmé par les incursions grossières de Koupissous qui viennent se moquer d’eux en chantant « hou les amoureux-heu » jusqu’à plus soif. Fort heureusement, le temps de la mousson approche et permettra à Ugmar de développer une forme rare de fièvre aphteuse tandis que Vlagemuche sera de son côté durement importunée par une violente crise d’hémorroïdes urticants. C’est le point de départ d’une lente déréliction qui conduira nos deux héros aux frontières de la guérison, sans toutefois l’atteindre, car de nombreuses rechutes émailleront ce parcours gluant où l’âme s’embourbe, avec, il faut bien l’avouer, la patience du lecteur. Qu’importe. «Une digue trop loin » est certainement le livre qu’il faudra lire sur la plage avant qu’elle ne soit engloutie par le prochain tsunami, avec vos dernières économies. Un livre à lire avec un tuba.


Illustration: L'autoroute vers rien de Nadir Bennéant. Musée Souterrain des Arts Dépressifs de Bagdad.

SANTÉ




6 mars 2010



CINÉMA


Résumé:

Un jeune et brillant généticien du nom de Jean Shlüss renverse un soir par mégarde une éprouvette (sur laquelle il y avait pourtant marqué « ne pas renverser par mégarde ») sur un couple d’escargots allemands de passage: les choses ne traînent pas : les paisibles gastéropodes bavarois deviennent des escargots géants et belliqueux que Jean Shlüss et son assistante Barbara Barbe auront le plus grand mal à circonscrire tout au long du film. Finalement, Jean Et Barbara auront le dernier mot grâce au stratagème de la salade géante attachée à une ficelle qui conduira les époux hermaphrodites dans un piège cousu de fil blanc.

Une fois ligotés, les escargots finiront paisiblement leurs jours dans un zoo pour mollusques avec un super gardien qui fera bien gaffe qu’ils ne s’échappent pas avec l’aide des pieuvres. En fait si, ils s’échapperont dans le deuxième volet intitulé « le retour de l’invasion des escargots géants » mais je ne peux pas tout dévoiler ici, sinon je ne serais pas journaliste pour rien. L’intrigue est peu plausible, voire carrément pas crédible, mais j’ai personnellement connu des footballeurs qui savaient lire les principales lettres de l’alphabet, alors pourquoi pas des pieuvres altruistes… Les effets spéciaux sont tirés par les cheveux et le doublage redondant mais qu’importe ; on se laisse prendre par le tourbillon d’essoufflement qui étale son néant vers le point zéro de notre inattention et c’est ravi que l’on fonce à la sortie vers le marchand de frite en le toisant du regard et qu’on prononce trois fois le mot batavia sans savoir pourquoi.

3 mars 2010




ROMAN


« Les Cheveux du crépuscule », par Dany Dan.


Un homme seul s’interroge sur son destin. A-t-il fait les bons choix ? Il observe sa vie défiler lentement durant les 1400 pages d’une biographie circonstanciée sans pouvoir se prononcer. Le bilan reste mitigé, malgré une formidable carrière dans le monde hippique, à cause d’une banale faute de frappe dans l’intitulé de son récit. Foudroyé à cinquante centimètres de la ligne d'arrivée. Plus personne désormais ne comprendra pourquoi le héros n'est pas un coiffeur dépressif mais un jockey poète à ses heures.

Seul face à l’échec, sa calvitie naissante rougeoie sous les derniers rayons du soleil tandis qu’une grosse larme se forme dans son globe oculaire gauche. Un roman sans concession sur l’univers impitoyable des typographes.


30 euras, chez Jan Pière Machin Editeur.


Illustration: L'auteur, observant dans un miroir la lente dégradation de son système musculo-facial qui l'oblige à faire la moue alors qu'il vient de toucher le quinté plus dans l'ordre, ce qui va lui permettre d'assigner son éditeur en justice et lui réclamer d'exorbitants frais pour dommages et intérêts. Grâce à tout cet argent, il publiera à compte d'auteur un nouveau roman avec des lettres spéciales de son invention qu'on ne pourra déchiffrer qu'à sa mort grâce à un code secret qu'il ne faudra surtout pas perdre, et pour cela il importera de trouver une cachette introuvable à moins de noter l'endroit où elle se trouve sur un parchemin qu'il entreposera dans un coffre dont la clé, jalousement gardée à l'intérieur de la poche de son pantalon ne le quittera plus, à condition bien sûr qu'il n'égare pas son pantalon en voulant se baigner près d'une plage de voleurs de pantalon patentés, chose suffisamment improbable de nos jours pour que la confiance la gagne enfin complètement et qu'il se permette de pousser entre ses petites dents écrasées par une lèvre épaisse, bien que faiblement moustachue, un soupir de soulagement amplement mérité.

23 févr. 2010


GEOGRAPHIE

LA MER D’EMBHÄRR

Située aux confins du détroit de Béring et de la Sibérie orientale, face à la mer des Tchouktches qu’elle domine, cette mer intérieure ce distingue par son altitude plus élevée que celle du niveau des océans et son absence d’eau liquide actuellement. Elle n’a été découverte que tardivement en 1875 par le Chevalier D’Embhärr, poète et aventurier argentin désargenté, alors qu’il cherchait à épater son collègue Livingstone. Capturés par les Tchouktches qui le prirent au départ pour un lapin de mer géant, il ne dut son salut qu’à son modeste talent de joueur de bandonéon qui subjugua cette peuplade hirsute et dépenaillée, ignorante des raffinements musicaux de l’occident triomphant. Fort de ce premier succès, il se mit à chanter et à jouer de plus en plus fort de l’instrument extensible, au point de provoquer une avalanche qui fit sauter les blocs de roches obstruant l’entrée de la cuvette ou reposait la mer, qui fila rejoindre bien naturellement l’océan, sous les yeux médusés du Chevalier et des autochtones. Un peu confus, D’Embhärr s’éclipsa discrètement en abandonnant son bandonéon.
On peut encore admirer de nos jours l’instrument, ainsi que la tête réduite du Chevalier, au Musée des Arts Approximatifs de Sibérie de Kiev.


Illustration : Le Chevalier D’Embhärr, portant le fameux chapeaumaphore de son invention, qui lui permettait d’envoyer des signaux de détresse sans attirer l’attention du public.

19 févr. 2010


POESIE


« Le dessous des signes » de Jean Chapoutin


« Le poète est celui qui s’écrie à jamais pour toujours » disait René Rougeard au cours la préface fameuse qu’il consigna jadis dans son Anthologie de la Poésie Rustique Cavernicole, et c’est vrai que Jean Chapoutin appartient à cette race de poète obscur et fécond dont l’œuvre serpente sans cesse entre les rives escarpées de la métaphysique rurale et les falaises abruptes le l’ésotérisme agricole.

Pour tout dire, l’ensemble des textes réunis dans ce recueil –pour la plupart inédits- est formé à première vue de blocs grammaticaux abscons et déroutants pour le non-initié.

Fort heureusement, si l’on a la sagesse et l’intuition de ne pas s’en tenir au sens trivial et littéral de la chose dite, mais plutôt à la mélodie, aux sons, il est facile alors de s’abandonner à l’émotion première de la phrase dans sa candeur initiale, au babil subtil d’un « je » dont le contour s’efface à mesure que grandit en nous la notion d’immanence, extase frôlée mais jamais déflorée, indicible ardeur à naître par et pour les mots qui nous accouchent et nous délivrent de notre aveuglement rationnel, cette ornière matérielle dans laquelle gît notre âme impuissante. C’est le but que s’est en tout cas fixé Chapoutin tout au long de sa vie d’ermite érudit, au cœur de la campagne Margouilloise et des ses frustres habitants.

Mais laissons s’élever la parole du poète :


LE PRE DES SONGES


J’ai trop aimé le vent,

La mer

Le ciel,

J’ai trop aimé traîner

Dans le tunnel des odeurs

Dans l’herbe,

La fleur.


J’ai trop aimé la vie,

L’amour,

Le vin,

J’ai trop aimé dormir

Et me voici devin

Dans le temple

De l’heure.


Qui

Pensera

M’oublier ?


Qui

Restera

Mobilier ?


Ô mon corps,

Je te donne cent baisers,

Puisse le sommeil

Venir t’emporter.


Ce petit sonnet est d’autant plus poignant qu’il semblait augurer de la fin tragique de Chapoutin. Ce dernier fut en effet dévoré par les fourmis alors qu’il faisait une sieste bien méritée sous un pommier. Prémonition ?

Seuls les poètes et les esprits élevés comme ceux de Chapoutin bénéficient de ces éclairs de lucidité prométhéenne et nul doute que ce petit ouvrage finement ciselé émerveillera les âmes pures nanties de longs trajets en métropolitain, et leur servira de passeport pour changer de quai, le cœur léger.


Illustration: Jean Chapoutin sur le point de s'endormir après avoir frôlé l'absolu. Gravure anonyme.

18 févr. 2010

INSOLITE


LE PLUS VIEUX PNEU DE l'HISTOIRE a été exhumé près de la frontière espagnole de San Francisco. L’extraordinaire usure de la gomme ferait remonter son âge à plus de 2000 ans. Les garagistes locaux crient au scandale et refusent de payer la facture pour malfaçon que leur tendent les héritiers légaux de Jésus-Christ et de Ponce Pilate. Les avocats de Marie-Madeleine se seraient aussi montrés intéressés histoire de « racler la caillasse qui reste » selon leur propre terme.

LA PIZZA LA PLUS GRANDE a été cuite au cours de l’été 1924 dans la propriété de Jean-Pierre Marshal, à Palenque(Mexique). D’un diamètre de 6m20, elle a été entièrement mangée par des fourmis géantes sous les yeux effarés de l’épouse de Jean-Pierre et de ses enfants, géants eux-aussi.

LES PLUS GRANDES JAMBES DU MONDE appartiennent à Eric Famous. Elles mesurent plus de 28 mètres de long (28,23m) et l’empêchent d’avoir un pantalon décent, et donc de sortir dans la rue pour s’acheter des glaces au sirop de porc tropical, ses préférées. Un moulage de son torse amaigri par les privations est visible au Centre Médical Mireille Mathieu (CMMM) de Cracovie.

L’HOMME LE PLUS GRIVOIS DE NORMANDIE a été interpellé lundi à son domicile de Caen, après une filature de plusieurs semaines. La police a retrouvé chez lui de vieux numéros de minitel-rose ainsi qu’un important stock de photos floues mettant en scène des animaux travestis ! L’homme est rapidement passé aux aveux et ses cheveux et ses ongles ont été confisqués pour être analysé à fond par l’équipe du professeur Pilar qui se trouvait là par hasard.

LES HOMMES PREHISTORIQUES pratiquaient déjà le tennis. Des balles et des raquettes fossiles ont effectivement été retrouvées dans une tombe datant de 30000 avant Roland-Garros. Des ossements d’arbitres portant de fines traces de morsures ont également été exhumés, ce qui laisse à penser que les règles du jeu étaient aussi complexes qu’aujourd’hui.

NOUS AVONS PENSÉ À TOUT



SEXUALITE


Philippon De la Tourbe nous écrit de Saint-Sourd l'Anguille :


De temps à autre, par désœuvrement, j’avoue faire l'amour avec une chaussure.

Attention, je ne suis pas un pervers et il n’y a rien de très excitant à tout cela si l’on n'y met pas un brin de passion. Je commence donc par lui faire la cour : une cour prudente et chaste au début, puis un peu plus appuyée. Je soupire, je lui jette des regards désespérés, c’est une cour explicite mais extrêmement courtoise, très dix-neuvième.

Elle, de son côté, fait mine de ne pas me remarquer. Elle affiche une indifférence hautaine en réponse à mes mots doux et me tourne résolument les talons chaque fois que j'essaie de l'aborder. Une vraie coquette. Je fais alors semblant d'abandonner, je froisse mes lettres enflammées et les jette à terre avant de faire celui qui part sans se retourner. Bien entendu, c'est le moment qu'elle choisit pour laisser pendre un lacet que je m'empresse de renouer, les doigts tremblants d'excitation. La glace est rompue et nous balbutions notre première conversation. Je l'invite à prendre un pot au café du coin. L'ambiance est très détendue ; nous rions, nous nous apercevons que nous avons pleins de choses en commun et regrettons de ne pas nous être rencontrés plus tôt. Je la raccompagne ensuite jusqu'à chez elle et là, elle m'invite à prendre un dernier verre, mais je refuse, je prétexte que je dois aider un cousin tétraplégique à apprendre le Sanskrit le lendemain et je la laisse seule, un peu décontenancée. Que voulez-vous, c'était trop facile, tout est allé trop vite. Je la rappelle le soir suivant pour lui dire que j'ai réfléchi, que ce n'est pas la peine qu'on se revoit, que je ne suis pas prêt à assumer une liaison durable et qu'il vaut mieux qu'elle m'oublie. Elle éclate ensuite en sanglot et me supplie de venir la rejoindre, sinon elle se jette du douzième étage. J'arrive chez elle in-extrémis et parviens à la faire renoncer à son projet fatal. Nous nous embrassons alors fougueusement sur le canapé tandis que mes mains fébriles caressent son cuir mordoré et que le crépuscule lance ses derniers feux sur les nuages incandescents qui roulent à l'horizon. Là d'accord, je veux bien lui faire l'amour en parfait gentleman car j'aurais vécu une passion intense et brûlante dans un cadre hautement romantique.
Comme je disais à ma femme l’autre jour : « Autant se branler dans une godasse, sinon. » Elle est parfaitement d’accord avec moi là-dessus, mais je sens qu’une gêne légère s’est installée entre nous. Ma passion pour certains souliers lui semble suspecte. Pourtant, je fais attention de ne choisir que des bottines en skaï ou des escarpins en croûte de porc, mais elle semble irritée, j’irai presque jusqu’à dire jalouse.

Comment lui faire comprendre que cette innocente manie n’altère en rien les sentiments que je lui porte ?


La réponse d’Oncle Paul :


Cher Philippon,

Votre passion pour la cordonnerie n’a rien de répréhensible tant qu’elle reste dans le cadre légal et juridique de l’adultère domestique de proximité. De grands hommes comme le Maréchal Flemme ou Henriette De gaule ont eu eux-aussi recours à ces expédients pour lutter contre l’usure naturelle du désir, avec le succès que l’on connaît.

Il nous apparaît cependant que votre penchant pour le romantisme risque de nuire à l’épanouissement de votre couple। Soyez donc moins ciel à ciel et renoncez aux préliminaires pour vous consacrer uniquement à la phase finale de votre entreprise en ayant soin de choisir des cuirs blancs et nacrés qui pourront faire passer votre semence pour du cirage. Votre épouse sera de la sorte réconfortée de voir avec quelle assiduité vous vous consacrez aux tâches domestiques et oubliera bien vite vos passades antérieures au profit de la pommade présente que vous aurez soin d’étaler avec ostentation sur ses brodequins, au point qu’elle risque fort de défaillir et de feindre l’abandon vénérien. Dans ce cas, faites-lui respirer les sels et profitez-en pour achever de lui changer ses chaussettes en soie, même si c’est plus compliqué à dire qu’à faire.


Illustration: description anatomique de la chaussure du futur par Léonard de Vinci. Comme beaucoup de ses inventions, elle ne connut qu'un succès mitigé.

17 févr. 2010


J’élève un enfant sauvage dans mon jardin.

Beaucoup de parents sont rebutés à l’idée d’élever un enfant sauvage. Pourtant, en prenant quelques précautions élémentaires, rien n’est plus gratifiant que de le voir jouer et gambader dans le parc de votre demeure. Il égayera notablement vos massifs de rhododendrons et sera une source inépuisable d’épuisement pour vos globes oculaires.

Voici quelques conseils pour réussir son acclimatation.

Où le trouver ?

On observe couramment les enfants sauvages en forêt, à condition de ne pas les faire fuir en leur lançant des pierres. L'enfant sauvage est particulièrement abondant dans les massifs montagneux peuplés d'essence de hêtre et de châtaignier. Son métabolisme robuste s'accommode sans peine des climats les plus rudes et on peut le trouver jusqu'à trois mille mètres d'altitude en train de faire de la luge.

On le capture à l’aide de friandises périmées ou de fausses barres de chocolats en plâtre. Parfaitement illettré, l'enfant sauvage ne saurait faire la différence avec le vrai chocolat et ne peut s’assurer de l’exactitude des dates de péremption. Sa capture est donc un jeu d’enfant.

De quoi se nourrit-il ?

On l’a vu, essentiellement de chocolat en tablette ou de biscuits riches en protéines hydrogénées et en huile de palme, mais aussi d’escargots et de petits insectes. Très utile au jardin, c’est l’auxiliaire rêvé pour lutter contre les doryphores et les charançons. Les vieux sujets préfèrent quand même les sucreries, il faut alors impérativement les chasser de la cuisine -sans violence inutile, mais sans céder à leurs caprices non plus.

Les plus jeunes se contentent d’un peu de télévision chaque matin.

La reproduction en captivité

Aux beaux jours, l’enfant sauvage grimpe aux arbres, puis grimpe sur sa moitié si vous avez eu la présence d’esprit d’en acclimater une quelque temps auparavant. Les bébés d’enfants sauvages sont roses et dodus mais ne parviennent que rarement à maturité car les enfants domestiques les confondent avec les baigneurs en plastique, et les noient dans leur bain sans le faire exprès. Il vaut donc mieux que les deux espèces ne cohabitent pas si vous voulez vous lancer dans l’élevage intensif.

Les soins quotidiens

L’enfant sauvage a développé un sérieux retard en matière de comportement vestimentaire, aggravé par une hygiène corporelle aléatoire. Inutile donc de s’embarrasser d’une encombrante garde-robe. Quelques frusques en coutil épais suffiront pour les saisons froides. Dès le printemps, l’enfant sauvage vaque nu comme un ver et sautille de ci de là au gré des fessées que vous lui prodiguez.

Il arrive qu’il tombe malade, mais c’est un simulateur né : Amusez-vous à le démasquer et à triompher de ses rougeoles imaginaires à l’aide d’un clystère de fort diamètre, vous verrez qu’il reprendra bientôt le chemin de l’école buissonnière que vous avez pris soin de fabriquer au fond du jardin.

En cas de fièvre persistante, l’usage du suppositoire au camphre s’avèrera souverain, ainsi que les saignées et les pointes de feu si vous vous sentez l’âme d’un Fagon.

La nuit, l’enfant sauvage dort dans un trou remplit de feuille morte. Pensez à changer régulièrement les feuilles. Achetez-en au besoin chez un Feuillard patenté si vous ne voulez pas les tuer vous-même.

L’enfant sauvage, mythe ou réalité ?

On rapporte que les vieux enfants sauvages, lorsqu’ils sentent la fin venir, se rendent en un lieu secret pour se laisser mourir de rire en se racontant des blagues éculées. C’est le fameux « Cimetière des vieux enfants » de la légendaire contrée de Carambar. La véracité de cette histoire est fortement mise en doute depuis la découverte d’ossements de clown qui tendent à prouver que ces enfants ont été poussés à rire contre leur gré. La polémique fait toujours débat au sein de l’Académie des Scientistes Troupiers.

On dit aussi que les enfants sauvages, au cours de la pleine lune, se transforment en enfants-garou. C’est parfaitement vrai et démontré dans l’ouvrage de Jean-Luc Poisson « Ruralité et cul-terrisme» dans lequel on apprend aussi que pour éloigner ces dangereux Néo lycanthropes, il suffit non pas de clouer-ce qui est cruel- mais de coller à la sécotine une chouette sur la porte de sa maison. Sinon, un suppositoire en argent massif fait aussi l’affaire.

Résumé :

Pour conclure, nous dirons que l'enfant sauvage a été une étape nécessaire à l'avènement de l'enfant actuel, tel que nous le connaissons. Notre devoir est de le protéger afin que nos chères têtes blondes puissent se rendre compte du chemin parcouru depuis l'aube de la maternelle et nous remercier des efforts que nous avons consenti pour qu’ils parviennent à leur tour à devenir de jeunes vieux capables de payer nos retraites. L’enfant sauvage est à l’humanité ce que le cheval est à la vapeur.